Maintenant bien installé à Whitehorse au Yukon, depuis près de deux semaines, je peux enfin vous décrire mon road trip! Hé oui, mon auto, une Hyundai Accent, a réussi à se rendre sans pépin. Évidemment, elle a souffert un peu et j’ai douté à quelques moments lors des 5 500 km, mais elle roule toujours malgré ses 8 ans d’existence et ses 278 000 km à son actif. Plusieurs personnes doutaient et me doivent maintenant de l’argent! Oui, oui, vous vous reconnaissez!
C’était important pour moi de faire le voyage seul. J’ai reçu beaucoup de propositions pour m’accompagner et chaque fois, je refusais. Je voulais absolument le faire seul. C’était davantage un besoin qu’un désir. Je désirais, depuis très longtemps, faire ce type de road trip en solitaire. D’avoir la sensation d’être seul au monde et de pouvoir compter que sur toi. D’avoir le sentiment de te lancer dans le vide. Il y a toi et ce qui t’entoure. Plusieurs fois dans ma vie, j’ai recherché ce sentiment, ce sentiment de vulnérabilité, de fragilité de l’esprit. C’est lors de ces moments que je me sens vivant, que tous mes sens s’allument et que je me sens invincible.
Afin d’y aller à fond et de ne pas gaspiller mon argent dans les hôtels et motels, j’ai organisé mon auto pour que je puisse y vivre durant tout le voyage. La pièce de résistance (dit à la Française!) était mon lit. J’ai réussi à faire un camper avec ma petite Hyundai Accent. J’étais pas mal fier et surtout excité de vivre dans mon nouveau château. Ma copine (elle a pris l’avion) et moi avons vendu tout ce que nous possédions pour vivre cette aventure jusqu’au bout. Ainsi, plus rien ne pouvait nous retenir.
- Lieu de départ : Gatineau, Québec
- Date de départ : 2 janvier
- Lieu d’arrivée : Whitehorse, Yukon
- Date d’arrivée prévue : 9 janvier
- Distance : 5 500 km
Jour 1
Gatineau > Sault-Sainte-Marie
Route : Transcanadienne (17)
794 km
Le premier jour est toujours spécial. L’excitation de pas savoir ce que tu vas vivre jour après jour. Une page blanche qui s’écrit au fur et à mesure que tu gruges les kilomètres. Je suis parti le 2 janvier, un lundi, il faisait très froid. Pendant que je remplissais mon auto de bagages, d’équipement de sport, de mes skis, ma lumière de check engine s’est allumée. Rien n’allait m’arrêter. Je n’étais pas inquiet. Je me disais que ça devait seulement être un sensor. Bref, je quitte quand même Gatineau en direction de Sault-Sainte-Marie.
J’avais l’intention de faire davantage de route la première journée, mais il n’y avait pas grand-chose entre Sault-Sainte-Marie et Thunder Bay alors, j’ai pris la décision de m’y arrêter pour la nuit. La route n’est pas la plus excitante. Bref, c’est l’Ontario; routes longées d’une forêt dense qui après un bout t’ennuient quelque peu. Par contre, une fois rendu dans la grande région de Sudbury, il y a des paysages vraiment intrigants. En faisant mes recherches, j’ai découvert que les immenses rochers noirs que j’ai croisés pendant plusieurs kilomètres sont en fait le résultat d’une météorite s’étant écrasée, il y a 1,85 million d’années. L’impact a créé le bassin de Sudbury, qui représente le deuxième plus grand cratère connu et un des plus anciens. Cette partie de la route est vraiment de toute beauté. Ça vaut la peine d’arrêter et d’explorer cette géographique, si particulière.
→ À visiter: Zone de conservation du lac Laurentien
Mon second coup de cœur, de ce bout de chemin, fut lorsque j’ai longé le lac Huron, accompagné d’un magnifique coucher de soleil.
→ À visiter: Le parc national de la Péninsule-Bruce
Je suggère cette route au lieu de la route 11. L’hiver, la route 11 peut être pénible et dangereuse. C’est une route reculée et isolée avec la présence de gros camions de transport et un climat, qui en hiver, ne te fait pas te cadeau. La Transcanadienne, la route 17, est plus longue de 36 km, mais ça vaut la peine, croyez-moi!
Jour 2
Sault-Sainte-Marie > Dryden
Route : Transcanadienne (17)
1 033 km
Première nuit dans mon luxueux camper ✓
Malgré les déneigeuses qui ont travaillées toute la nuit, la lumière des lampadaires dans le stationnement du Walmart et le froid, -27°C, j’ai très bien dormi et prêt à attaquer la route pour continuer mon périple.
Je me suis donc arrêté à Dryden, environ 355 km après Thunder Bay, dans un Walmart pour y passer la nuit. Il a fait froid, très froid. Le -35°C ne m’a pas empêché de dormir. J’avais un bon sac de couchage et de bonnes couches de base, Icebreaker, ce qui m’a permis d’être au chaud et confortable tout au long de mon périple.
Le plus impressionnant de cette section est lorsque tu longes le lac Supérieur. J’ai arrêté plusieurs fois pour contempler ce paysage et ces immenses îles rocheuses. Il y a plusieurs endroits pour s’arrêter le long de la route afin d’observer le plus grand lac d’eau douce au monde. Faites attention, car la route est très sinueuse et elle peut être dangereuse, à quelques endroits.
Jour 3
Dryden > Edmonton
Route : Transcanadienne (route 17, route 1, route 16)
1 644 km
Enfin, j’ai fini avec l’Ontario, près de 2000 km plus tard! Ce n’est pas que l’Ontario n’a aucun charme et est inintéressant, mais lorsque ton but est seulement de traverser cette province, la route peut être ennuyante. Je dois avouer que de Dryden à la frontière du Manitoba, le paysage est charmant grâce à ses conifères cotonneux de neige, droits et serrés comme des soldats. Pendant des heures, tu sens l’isolement, tu sens que tu es seul avec cette nature sauvage.
Ce fut toute une journée. J’ai conduit 17 heures pour finalement me rendre à Edmonton. Je ne voulais pas arrêter avant, car je voulais absolument rendre visite à de très bons amis. Donc, ma mission était de traverser le Manitoba et la Saskatchewan sans tarder. Un beau soleil m’accompagnait pendant que je parcourais ces deux provinces qui semblaient interminables. Des plaines à perte de vue, qui te donnent l’impression que tu n’avances pas, que tu fais du surplace. J’ai oublié de vous dire qu’il faisait un froid extrême. Lorsque, j’ai traversé Winnipeg, le thermomètre indiquait -42°C. Un autre détail, ça pue! Ça sent le diesel partout.
→ N’oubliez pas de prendre la voie de contournement à Winnipeg. Vous ne voulez pas perdre votre temps à entrer dans la ville.
Il est tard lorsque j’arrive enfin chez Melanie et David, mais ils étaient là à m’attendre avec leur petite puce Alice et leurs 2 chiens. Quel plaisir de les revoir après une si longue période sans s’être vu. Mel et Dave sont des personnes que j’adore et j’admire. Ils vivent dans un autobus en périphérie d’Edmonton, à la campagne. Leur autobus est splendide et chaleureux. Nous partageons les mêmes valeurs et nous aimons partager nos réflexions sur la vie, ce qui fait en sorte que nous n’avons pas manqué de sujet, ce soir-là! Une rencontre qui m’a rempli le cœur et m’a donné énormément d’énergie.
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Jour 4
Edmonton > Dawson Creek
Route : Transcanadienne (route 43)
584 km
Après m’avoir fait gâter avec un excellent déjeuner, il était temps pour moi de partir. Je n’étais pas triste de les quitter. Au contraire, j’étais serein. Ça m’avait fait du bien, ils m’ont fait du bien. Nous savons que nous allons nous revoir et qu’il ne faut pas forcer les rencontres. Nous demeurons toujours en contact alors nous gardons une certaine proximité malgré la distance qui nous sépare.
J’étais maintenant prêt à prendre la route. Ce matin-là, les routes étaient glacées et dangereuses. Les conditions étaient horribles. De nombreux accidents eurent lieu. Je me souviens d’avoir descendu une côte avec une courbe et d’avoir simplement espéré de m’en sortir. Heureusement, j’ai repris le contrôle et j’ai continué ma route.
Cette journée-là, je n’ai pas fait beaucoup de route, car les conditions étaient affreuses et la route a été pénible : visibilité nulle et les routes dangereuses. Une fois à Dawson Creek, j’ai pris la décision d’y coucher quand j’ai vu que même les camions ne voulaient pas continuer vers Fort Nelson.
Jour 5
Dawson Creek > Fort Nelson
Route : Transcanadienne (route 97)
453 km
Une autre petite journée de route m’attendait. La tempête de la veille ne s’était pas calmée et les routes étaient toujours risquées. Une fois à Fort Nelson pour y mettre de l’essence, j’ai demandé aux gens si les chemins étaient praticables en direction de Watson Lake et leurs réponses fut catégoriques «si tu continues la route avec ton auto, bonne chance». D’autres m’ont dit que si je continuais «j’étais suicidaire». Donc, vu que je suis loin d’être suicidaire, j’ai décidé de rester à Fort Nelson pour la nuit. Il n’y a pas grand-chose à faire dans cette ville, mais les gens sont accueillants.
Il faut être alerte quand on roule sur ce bout de chemin, car à tout moment vous pouvez rencontrer des animaux sur la route. J’ai fait la rencontre de deux beaux gros orignaux! J’ai réussi à m’arrêter juste à temps et ils sont passés devant moi comme si de rien n’était. Chaque fois que je vois ces animaux, je suis stupéfait par leur taille et leur grâce. J’étais comme un enfant. C’est fou à quel point ces petites rencontres sont mémorable et remplis d’émotion.
Être si loin de chez soi et si près en même temps de sa vraie maison, la nature. J’avais l’impression de rentrer finalement chez moi, d’appartenir à cette puissance supérieure.
Jour 6
Fort Nelson > Whitehorse
Route : Transcanadienne (route 97, route 1)
951 km
Ce fut le moment magique de cette aventure. Je suis parti, il faisait noir (le soleil se lève autour de 9 h) et lorsque je suis arrivé au début des Northern Rockies, la nuit laissait tranquillement sa place à l’aube et ainsi je pouvais apercevoir la silhouette des montagnes se dessiner dans le ciel. L’euphorie était à son maximum devant un tel spectacle. J’avais l’impression d’être seul au monde. J’étais absorbé par l’immensité des montagnes, par le bleu pur du ciel et par la beauté de cette nature si sauvage. C’était si calme. Malgré la sérénité de ce moment, je ressentais l’énergie des montagnes. Une énergie qui te saisit, qui pousse ton corps dans un état de vertige spirituel. Plus j’avançais et plus le soleil montait et la lumière réchauffait les parois des montagnes. Je pouvais maintenant apercevoir à l’horizon à quel point les montagnes étaient maîtres chez elle. C’était leur maison, leur terre et elles maîtres de ce lieu pur et sauvage. Chaque kilomètre était pour moi une autre raison de saluer la vie et la nature. C’était plus fort que moi. C’était tout simplement viscéral, instinctif. Je crois que tout être humain qui ne s’émerveille pas devant ce paysage n’est pas vraiment humain.
Durant cette fabuleuse route, il y a plusieurs endroits qui valent la peine d’arrêter. Il y a quelques parcs, réserves écologiques et endroits protégés qui sont à couper le souffle. Entre autres, Muncho Lake Provincial Park. Ce parc vous fera rêver par ses montagnes spectaculaires et de son eau de couleur bleu-vert. Puis, vous devez absolument vous arrêter à Liard Hot Springs pour vivre une expérience enchanteresse. L’endroit est tout simplement surréel. Vous vous croirez dans un monde fantastique et de magie. Le plus dur c’est de partir, car je vous assure que vous ne voudriez plus partir de cet endroit.
Passé Watson Lake, et les Northern Rockies, il me restait plus beaucoup de routes à faire avant d’arriver à Whitehorse, que 438 km. Maintenant, c’était au tour du coucher de soleil de m’accompagner pour ce dernier bout de chemin. J’avais la chance de voir l’un des plus beaux couchers de soleil, que j’ai vu dans ma vie. Je possédais, à moi seul, un chef d’œuvre qui se transformait, chaque fois que je tournais la tête, chaque fois que je m’aventurais de plus en plus sur le chemin, chaque fois que je passais une montagne, chaque fois que je regardais au loin. Il y avait une harmonie et une paix que je n’avais jamais eu la chance d’expérimenter. Il y avait un spectacle de couleur; du rose, du orange, du jaune, du bleu, du or.
À travers tout ce rêve, j’ai eu le privilège de faire la connaissance du milieu sauvage, plus que je ne l’avais vécu auparavant. J’ai rencontré des orignaux, des chèvres de montagnes, des tonnes de bisons et des caribous. Ils étaient tous là, à me regarder, chaque fois, à quelques pieds de moi. Être si loin de chez soi et si près en même temps de sa vraie maison, la nature. J’avais l’impression de rentrer finalement chez moi, d’appartenir à cette puissance supérieure.
Le cœur plein et l’esprit nourrit, j’arrivais enfin à Whitehorse.
Commentaires
3 CommentairesJean-Mathieu Chénier
Feb 22, 2017Est-ce que tu t’es fait achalé par la police ou par des déneigeuses qui voulaient déneiger l’endroit où qu’t’étais parké quand tu dormais dans ta voiture?
Sauvage
Mar 2, 2017Salut Jean-Mathieu,
Tout s’est très bien passé! Je ne me suis pas fait achaler par la police ou par les déneigeuses. Plusieurs options sont disponibles, pour dormir ou même se doucher, lorsque tu traverses le Canada. Évidemment, pour le coucher, le Wal Mart est le plus connu, mais il y a deux autres endroits à ne pas négliger; les stations-service Husky et Flying J. Tu peux te stationner et dormir, sans problème, et même y prendre une douche et faire ton lavage, à certaines stations.
Éventuellement, je développerai sur ces options dans un article. Il y a plusieurs autres avantages avec Husky et Flying J que j’aimerais mettre de l’avant.
Merci et bonne journée!
SannyBaw
Dec 10, 2018Make a more new posts please 🙂
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Sanny